Le Jeune Ahmed
30 Mai 2019 , Rédigé par F.S Publié dans #chronique cinéma
De Jean-Pierre et Luc Dardenne. Avec Idir Ben Addi, Olivier Bonnaud, Myriem Akheddiou. (1h24).
Jean-Pierre et Luc Dardenne, habitués de la Croisette et du festival de Cannes (deux palmes d’or en 1999 pour Rosetta et 2005 pour L’Enfant), reviennent une fois encore avec Le Jeune Ahmed, histoire d’un adolescent de 13 ans en voie de radicalisation dans une banlieue belge. Un film tendu, compact, âpre, où l’absence de sourire n’a d’égal que l’immense tendresse que suscite le jeu du jeune acteur déniché par les Dardenne.
Idir Ben Adbdi ne sourit jamais, regarde peu ses interlocuteurs dans les yeux – surtout les femmes. C’est un garçon sérieux, très sérieux, qui ne joue plus, ne rit plus, mais récite par cœur des sourates du coran et ne manquerait sous aucun prétexte ses prières. Endoctriné par un imam de quartier radical, Ahmed ne serre même plus la main de sa professeure, quitte la classe pour aller faire sa prière. Il fait le désespoir de sa mère, qui ne porte pas le hijab, et a un petit penchant pour l’alcool. Bref, selon lui, c’est un « bon musulman », les autres tous des mécréant. Convaincu par l’imam que sa professeure est une « apostat », il l’agresse avec un couteau. Enfermé dans un centre de déradicalisation, Ahmed est coaché par un éducateur et doit se rendre une fois par semaine dans une ferme où il ne goûte guère l’ambiance. Sur place, la fille des fermiers s’entiche de lui, ce qui ne lui fera même pas lever un sourcil et à peine entrouvrir la bouche pour un baiser furtif qui ne fera que renforcer sa culpabilité. Rien ni personne ne semble pouvoir arrêter la funeste trajectoire de ce jeune garçon.
En s’attaquant au thème de la radicalisation, les frères Dardenne signent avec Le Jeune Ahmed un film comme ils savent et aiment en produire. Tout en plans serrés sur les personnages, mise en scène au cordeau où rien n’est superflu et où rien ne manque (1) ils en sortent une œuvre à vif, la trajectoire impossible à arrêter d’un garçon projeté trop jeune vers le précipice. Personne, pas même les Dardenne, ne parvient à enrayer le phénomène. Pas même sa propre mère, ravagée par ce que devient son propre fils, sous son propre toit et sous ses yeux. A plusieurs reprises il semble sur le point de basculer, sa gueule d’ange ne collant décidément pas avec ce que renferme sa tête, d’où les doutes sortent par tous les pores de la peau. Il en demeure malheureusement une certitude pour lui, jusqu’à la fin qu’on ne dévoilera pas par correction pour le spectateur à qui l’on conseille vivement d’aller voir ce nouvel opus des frères Dardenne.
F.S.
(1) Prix de la mise en scène du 72e Festival de Cannes.
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