Kerman
4 Juillet 2017 , Rédigé par F.S Publié dans #littérature
"Nous n’avons guère vu Kerman de jour, juste assez pour lui trouver cet air démoli, saccagé – comme si Tamerlan venait d’y passer – que l’implacable lumière de midi donne à toutes les villes de l’Est iranien. Mais la nuit, oui. Une fois lavés et rafraîchis, nous nous promenions, accompagnés par quelques jeunes cyclistes qui nous dépassaient, revenaient, faisaient du sur place pour nous lancer interminablement la même phrase en anglais. Et la nuit, Kerman devenait belle ; son côté brûlant, déchu, brisé, faisait place à la douceur du plus grand ciel du monde, à celle de quelques feuillages, de bruits d’eau, de coupoles qui s’enflent contre le gris lumineux de l’espace. la sortie de la ville, notre escorte nous lâchait. Trois arbres immenses, un mur de boue séchée, puis un plateau sableux plus vaste que la mer. Étendus dans le désert encore tiède, nous fumions sans mot dire, en nous demandant si nous en verrions jamais la fin. Ongles cassés, furtifs éclairs d’allumettes, trajectoires gracieuses et fatiguées des mégots qui fusaient dans le sable, des étoiles, des étoiles, des étoiles assez claires pour dessiner les montagnes qui barraient l’horizon vers l’est… et peu à peu, la paix".
Nicolas Bouvier. L’Usage du monde.
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