Les Premiers les derniers
3 Février 2016 , Rédigé par F.S Publié dans #chronique cinéma
Le nouveau film de Bouli Lanners emmène les cinéphiles dans un western en pleine Beauce, qui n’a jamais semblé aussi photogénique.
La fin du monde, c’est pour quand ? Hier ? Aujourd’hui ? Demain ? La fin du monde, c’est comme une lumière du matin dans le plat pays de Beauce : apparemment désespérément vide, et pourtant surpeuplé de zombies. Brumes et terres labourées. Gris des bâtiments abandonnés à leur triste sort. Routes ne menant nulle part. Cadavres momifiés dans des entrepôt sans vie. Jusqu’à ce trait d’union entre deux mondes – mais lesquels ? – cette saignée de béton au milieu de rien qui servit-il y a bien longtemps à un projet avorté d’une ligne d’aérotrain tuée dans l’œuf par le rail. Ainsi peut-on faire une photographie impressionniste, en lumière sous exposée et désaturée de couleurs, comme une nappe trop longtemps laissée sur la table où on aurait sommairement repoussé les assiettes entre deux volutes de gitanes. Le réalisateur belge Bouli Lanners, dans un premier temps de sa vie peintre, livre un western touristico-désanchanté sur fond de musique flok américaine, dans le Loiret, donc.
Comme le métier de Cochise (chasseur de prime), le scénario « est un p’tit peu difficile à expliquer », mais en gros il y est question de retrouver un téléphone satellite perdu par un propriétaire qui mise gros pour le retrouver, de deux marginaux perdus au bord du gouffre et d’un looser local qui se prend pour le shérif de la Beauce.
Dans Les Premiers les derniers, on croise donc Cochise (Albert Dupontel), Gilou (Bouli Lanners), Mickael Lonsdale en jardinier voltairien, et un Jésus aux stigmates (en vrai, un seul, à la main droite, celle du père…). Plus Esther et Willy, deux zombies paumés – ce qui ressemble fort à un pléonasme – sur la route vers un juge qui détient la clé de l'enfant placé d’Esther, handicapée (« mais c’est pas ma faute », dit-elle de façon extrêmement touchante), qu'elle voudrait revoir.
Peu importe la crédibilité de l’histoire, ni celle de ces personnages sans passé ni avenir, ce qui incombe au final c’est peut-être de voir un (plat) pays sans jamais avoir finalement remarqué ses beautés et ses laideurs, où « vivre, ce n’est pas simplement respirer » et où ce qui reste à la fin, c’est rien d’autre que de « n’être plus pareil ».
Et c’est déjà beaucoup.
FS
Photos : Kris Dewitte
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