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Le jour. D'après fred sabourin

"Ludo le fou" a soif

21 Juillet 2015 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #Presse book

"Ludo le fou" a soif

Ludovic Chorgnon, depuis le 1er juillet, enchaîne les triathlons catégorie Ironman quotidiennement. Comme d'autres vont à l'usine, mais le sourire aux lèvres. Ou presque. (article paru dans La Renaissance du Loir-et-Cher du 10 juillet)

 

Quand vous lirez cet article, il devrait normalement égaler le record du monde de triathlon catégorie Ironman d'affilés (1), soit 10 en 10 jours. Si vous lisez ce journal samedi 11 juillet au soir, peut-être ce record sera-t-il battu… Et dimanche 12 juillet ? Nul le sait, sauf lui. Le jour où nous sommes allés cueillir "Ludo le fou " sur la ligne d'arrivée, lundi 6 juillet dernier, le mercure frôlait les 33°, à l'ombre évidemment. Presque " frais " comparé aux 40° des premiers jours ! Et pourtant, c'est bien de la chaleur et du vent dont cet extra terrestre souffrait le plus. Plus dur que le marathon des sables (2) ? " Ça c'est rien, c'est de la blague ", dit-il dans un demi sourire crispé (quand même) quelques minutes après l'arrivée de ses 13h24 mn d'effort. " Vraiment c'est le pire, ça me dessèche beaucoup ", souffle-t-il en retirant à grand peine ses sockets poussiéreuses, trempées de sueurs. " Mais mon équipe médicale est super. Bon, les temps de massage ont tendance à s'allonger – 1h30 au lieu de 1h au début – mais c'est super. La chaleur, ça va bien finir par s'arrêter. J'espère seulement que ça s'arrêtera avant moi ! " Juste après ces mots, et un soin par une pédicure – car il souffre d'un ongle incarné – il " plonge " ses membres inférieurs endoloris, raides comme deux morceaux de bois dans une piscine d'eau refroidie à 9°. On appelle ça la cryothérapie, et c'est sensé accélérer la récupération. Et de la récupération, Ludo en a bien besoin.
 

En boucler 41, ou rien

 

Auparavant, sous le tivoli installé près de la piscine des Grands-Prés à Vendôme, alors qu'il lui restait encore deux boucles de 6 km chacune pour achever son marathon quotidien, une bassine d'eau glacée où flotte un mélange de glaçons, de serviettes microfibres et de torchons, attendait Ludovic, alias " Ludo le fou ", pour un rafraîchissement bienvenu après ces heures et ces heures d'effort. De quoi s'alimenter aussi, barres énergétiques, sachet contenant une salade de pâtes à 500 calories pour 100 grammes, mais aussi – plus surprenant – des viennoiseries. Des boissons énergisantes, de l'eau bien sûr, et l'incontournable coca. Ludovic l'a avoué sur le podium lors de la traditionnelle courte interview qu'il livre sitôt la ligne d'arrivée franchie, à l'adresse des supporters et bénévoles en petites grappes venus l'applaudir : " Je suis déshydraté. Très déshydraté même. " On le serait à moins, en effet. Mais, l'assure-t-il, " c'est sous contrôle médical. " On s'interroge, tout de même, sur ce ou ces fameux médecins, kiné etc. qui donnent l'autorisation à l'athlète de continuer cet effort surhumain - n'ayons pas peur du mot - sous cette chaleur écrasante, et pas seulement dans l'optique de battre le record du monde homologué de 10 triathlons Ironman consécutifs. Mais plus encore – car c'est bien l'objectif qu'il s'est fixé – d'en boucler… 41, comme le Loir-et-Cher, et on se prend à regretter pour lui qu'il n'habite pas l'Aude ou l'Aveyron…
 

Les médias nationaux absents

 

À côté de lui, lors du dernier ravitaillement mais aussi juste après avoir franchi la ligne, une discrète femme brune en débardeur orange et aux lunettes de soleil a le regard fixé, sur cet homme, en nage, au bout de lui-même. Cet homme c'est le sien, Delphine est sa femme. Craint-elle pour la santé de son mari ? " Pourvu que ça tienne ", nous confit-elle presque en chuchotant, comme pour conjurer le sort. Comment se passe les relations avec son triathlète de mari le soir après ce " boulot " ? " On parle peu. Il rentre à 21h45 environ, on mange, moi j'ai souvent mangé avant lui. Après il va se coucher. On peut parler ensemble un peu, mais de tout sauf du Défi 41. Je lui parle de sa société… " dit-elle avec comme une pointe de résignation. Comment pourrait-il en être autrement, tant les questions sont très nombreuses autour de ce " défi " qu'il s'est lancé. Qu'ils se sont lancés, car c'est une affaire de famille. Antoine et Anaïs, ses enfants et la petite Elsa (4 ans) sont aussi embarqués dans l'organisation. Anaïs veille d'ailleurs aux médias, dont les nationaux tardent un peu à se manifester, au regret du speaker sur le podium. Ludo est confiant – c'est une seconde nature chez lui – " ça va venir… "

Demeure la lancinante question vue de l'extérieur : qu'adviendrait-il si le staff médical lui disait, un soir, " stop, arrête là, ta santé est en jeu " ? Ludo le fou est si déterminé, si sûr de son objectif dont il ne démord jamais, écoutera-t-il ? Ingrid, membre de " Vendôme triathlon " et qui vient de boucler le dernier tour à ses côtés l'affirme : " Il écoutera bien sûr. Il n'est pas si fou que ça ". Pourtant, dans la piscine à 9° où on le quitte en train de faire barboter ses pauvres jambes lourdes comme du béton, Ludovic Chorgnon ne veut pas entendre parler du samedi 11 juillet, jour où il pourrait battre le record officiel. Il ne voit qu'un chiffre : 41. " J'ai réservé l'hôtel jusqu'au 10 août, alors… " lance-t-il dans une ultime boutade, sans se départir de son (presque) éternel sourire.

 

(1) enchaîner dans la même journée 3,8 km de natation, 180 km de vélo et un marathon soit 42,195 km.

(2) Une semaine dans un désert à courir un marathon par jour dans les dunes et en autonomie presque complète.

 

Lire aussi sur ce blog le portrait de "Ludovic : l'homme de "faire" en fer (17 avril 2015)

Prochain article : Le Défi 41 est-il "propre" ? (enquête)

- La solitude du coureur de fond -

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